Département d’État des États-Unis
Rex W. Tillerson, secrétaire d’État
Austin, Texas, le 1er février 2018
Extraits
Ce voyage tombe à un moment important pour le continent américain. Cette région très variée — qui comprend le Canada, le Mexique, l’Amérique du Sud et les Caraïbes — est une priorité pour les États-Unis, pour des raisons qui vont au-delà de la simple proximité géographique.
L’histoire de nos pays est intimement liée. Nos nations reflètent toujours cet optimisme dû aux découvertes sans fin du Nouveau Monde. Et surtout nous avons en commun des valeurs démocratiques — des valeurs qui sont au cœur de ce en quoi nous croyons, quelle que soit la couleur de notre passeport.
Depuis des générations, les dirigeants américains ont compris que la réussite et la prospérité de notre région ne pouvaient s’accomplir qu’à travers les relations avec nos partenaires d’Amérique latine et des Caraïbes.
En 1889, à l’appel du secrétaire d’État d’alors, James Blaine, les États-Unis ont accueilli la première Conférence internationale des États américains — l’ancêtre de l’actuelle Organisation des États américains.
Au début du 20e siècle, le président Teddy Roosevelt s’est rendu à Panama — c’était la première fois de notre histoire qu’un président des États-Unis en exercice faisait une visite à l’étranger.
Ensuite dans les années 1960, le président Kennedy a mis sur pied l’Alliance pour le progrès — son projet ambitieux visant à renforcer la coopération économique entre les États-Unis et le reste du continent et, selon ses mots, « éliminer la tyrannie d’une région où elle n’a pas sa place ».
Aujourd’hui encore, nous partageons les mêmes buts que les dirigeants visionnaires qui nous ont précédés: éliminer la tyrannie et servir la cause de la liberté économique et politique. À l’aube de l’année 2018, nous avons une opportunité historique d’y parvenir.
Il y a quelques semaines, les États-Unis ont organisé un sommet ministériel, conjointement avec leurs homologues canadiens, à Vancouver. Vingt autres pays se sont joints à nous pour discuter de la menace que représente la Corée du Nord pour le monde.
En avril, le Pérou accueillera le Sommet des Amériques qui mettra l’accent sur la volonté de la région de lutter contre la corruption. Deux mois plus tard, c’est au tour du Canada d’accueillir le 44e Sommet du G7. Enfin, à la fin de l’année, les États du G20 se réuniront à Buenos Aires, qui sera la toute première ville sud-américaine à accueillir ce sommet.
Autrement dit, de bien des façons, 2018 sera l’année des Amériques. Les dirigeants de nombreux pays seront ici, sur ce continent, donc les yeux du monde se tourneront vers les Amériques.
C’est pourquoi aujourd’hui je veux me concentrer sur les trois piliers de l’engagement envers la cause de la liberté dans toute la région en 2018 et au-delà: la croissance économique, la sécurité et la gouvernance démocratique.
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Une étape importante pour renforcer la prospérité et l’intégration économique en Amérique du Nord consiste à moderniser l’Accord de libre-échange nord-américain ou ALÉNA. (…)
Je suis conscient de l’importance de l’ALÉNA pour notre économie et celle du continent. Mais il n’est pas surprenant qu’un accord mis en place il y a 30 ans, avant l’avènement de l’ère numérique, de l’économie numérique, avant l’émergence de la Chine comme deuxième économie du monde — que cet accord doive être modernisé.
Notre objectif est très simple: renforcer notre économie et celle de toute l’Amérique du Nord et demeurer la région la plus compétitive et la plus dynamique du monde.
Nous apprécions à sa juste valeur le travail acharné de nos homologues mexicains et canadiens tout au long de ces négociations. La semaine dernière, nous avons bouclé le sixième cycle des négociations et nous poursuivrons nos efforts en direction d’un ALÉNA modernisé lors du prochain cycle, prévu le mois prochain.
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Grâce à l’Initiative de sécurité pour le bassin des Caraïbes, les partenaires situés le long de notre troisième frontière, le golfe du Mexique, renforcent leur capacité à mener des opérations d’interdiction maritime, maîtriser les armes à feu illégales, combattre la corruption et poursuivre les criminels. L’été dernier, nous avons présenté notre plan Caraïbes 2020. Cette stratégie globale encourage une coopération sécuritaire plus étroite et réaffirme notre volonté de favoriser la croissance du secteur privé et la diversification des ressources énergétiques afin que les Caraïbes jouissent de la sécurité énergétique. Nous maintenons également nos partenariats dans le cadre d’initiatives pour l’éducation ou la santé, comme le Plan présidentiel d’urgence d’aide à la lutte contre le SIDA, ou PEPFAR.
Aux États-Unis, nous savons que notre pays — et le reste de la région — ne peut que profiter d’une meilleure stabilité régionale et de la perspective d’une économie en croissance dans toute la région.
Il est vrai que le partenariat des États-Unis avec les autres nations de cet hémisphère est fondé sur des valeurs partagées et sur la gouvernance démocratique, mais nous ne devons pas nous endormir sur nos lauriers. Beaucoup vivent toujours opprimés par la tyrannie.
Ainsi le régime corrompu et hostile de Nicolás Maduro, au Venezuela, s’accroche à une vision chimérique et surannée de la région, qui a déjà déçu ses citoyens. Il ne représente pas la vision de millions de Vénézuéliens — et ne répond en aucun cas aux exigences de nos partenaires d’Amérique latine, du Canada ou des Caraïbes.
Notre position est inchangée. Nous exhortons le Venezuela à revenir à son ordre constitutionnel — à revenir à des élections libres, ouvertes et démocratiques — et à laisser le peuple vénézuélien obtenir une représentation au gouvernement. Nous continuerons à presser le régime à reprendre le chemin du processus démocratique grâce auquel le Venezuela était autrefois une grande nation.
(…) L’année passée, nous avons collaboré avec beaucoup de nos partenaires latino-américains — en particulier via le Groupe de Lima et l’Organisation des États américains — afin de faire émerger un soutien à une action collective pour empêcher le pays de glisser dans la dictature. Nous sommes reconnaissants au collège de dirigeants de premier plan de la région, dit Groupe de Lima, qui se sont rencontrés régulièrement pour soutenir le peuple vénézuélien qui cherche à reprendre les rênes de son pays.
Le Canada, lui aussi, a émis des sanctions contre des dizaines de dirigeants vénézuéliens, dont Maduro en personne.
Et récemment, l’Union européenne s’est jointe à ce concert de voix grandissant dans le monde, sanctionnant des dirigeants de ce régime pour leurs atteintes aux droits de l’homme.
Le monde est en train de prendre conscience de la détresse des Vénézuéliens.
Nous encourageons toutes les nations à soutenir le peuple du Venezuela. Le temps est venu de se tenir aux côtés des nations éprises de liberté, celles qui soutiennent le peuple vénézuélien, ou bien aux côtés de la dictature de Maduro, si tel est votre choix.
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Notre région doit veiller à se garder des puissances lointaines qui ne correspondent pas aux valeurs fondamentales que nous partageons dans cette région.
Les États-Unis s’en démarquent nettement.
Nous ne visons pas des accords à court terme apportant des bénéfices déséquilibrés aux parties. Nous cherchons des partenaires partageant nos valeurs et nos idées pour faire émerger un continent américain sûr, sécurisé et prospère.
L’approche des États-Unis se fonde sur des objectifs de bénéfices réciproques qui aident les deux parties à croître, à se développer et à devenir plus prospères, et ce en respectant le droit international, en mettant la priorité sur les intérêts de nos partenaires et en protégeant nos valeurs.
Avec les États-Unis, vous avez un partenaire multidimensionnel — qui apporte des bénéfices à tous en s’engageant pour soutenir la croissance économique, l’éducation, l’innovation et la sécurité.
Cette année les États-Unis ont particulièrement hâte de nouer des relations encore plus étroites avec leurs partenaires d’Amérique latine et des Caraïbes, afin que davantage de personnes jouissent de liberté.
Nous avons là la formidable opportunité de pouvoir bâtir sur les fondations que sont notre histoire, notre culture et nos valeurs communes, afin de générer plus de possibilités, de stabilité, de prospérité et de gouvernance durable en Amérique du Sud, Amérique centrale, Amérique du Nord et dans les Caraïbes.
En cette année des Amériques, les États-Unis seront toujours pour ce continent le partenaire le plus solide, fort et durable qui soit. Merci. (Applaudissements.)
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QUESTION: Alors que nous — alors que notre pays est en plein milieu de la renégociation de l’ALÉNA, qu’est-ce qui constitue selon vous les points forts et les points faibles de l’accord tel qu’il existe actuellement?
SECRETARY TILLERSON: Eh bien, je crois — encore une fois, comme je l’ai dit, quand l’accord a été passé il y a 30 ans, le monde était légèrement différent. Les chaînes d’approvisionnement ne fonctionnaient pas comme aujourd’hui — encore une fois, j’évoque ici l’avènement de l’ère numérique, de l’économie numérique, qui a complètement bouleversé les chaînes d’approvisionnement et leur fonctionnement. L’ascension de la Chine, désormais la deuxième plus grande économie du monde, et le fait que la Chine fasse croître son économie en multipliant ses propres relations commerciales — tout cela a eu un impact sur la capacité de réaction de l’ALÉNA — de l’accord.
Voilà pourquoi je crois — nous croyons qu’il est nécessaire de moderniser l’accord. Je pense que sa force repose sur le fait qu’avec nos frontières communes, il y a clairement des gains d’efficacité possibles qui pourraient bénéficier aux trois pays et générer de la valeur, et c’est — dans notre monde où la compétition et le commerce sont globalisés, que vous construisiez des voitures ou quoi que ce soit d’autre, ou quoi que vous fassiez dans l’agriculture, vous êtes en compétition avec d’autres. Et lorsque nous pourrons intégrer les forces de ces trois pays qui partagent ces frontières — si nous pouvons juste diminuer suffisamment nos coûts d’approvisionnement, alors nous battons les concurrents.
Et je crois — et ça a toujours été ça, l’idée, depuis le début, et je crois que là où il — là où l’accord est en difficulté aujourd’hui, là où il n’y arrive plus, c’est qu’il n’a pas su répondre à cette force concurrente aussi efficacement qu’il devrait sans doute le faire. Donc nous espérons que nous pourrons décrocher un accord plus moderne. Je ne suis pas directement impliqué dans ces négociations ; elles me sont familières car elles recoupent par ailleurs notre programme aux Affaires étrangères. Je peux vous dire une chose, c’est — ce sont des négociations très âpres, et je suis sûr que des échos vous en sont parvenus, mais les parties poursuivent leur tâche, je crois, pour trouver une solution qui satisfera les intérêts des trois pays, mais aussi qui vise un objectif plus large, faire de nous collectivement l’entité commerciale la plus compétitive du monde.
French translation of excerpts of “U.S. Engagement in the Western Hemisphere.”
Nous vous proposons cette traduction à titre gracieux. Seul le texte original en anglais fait foi.