Discours lors du Conseil de sécurité des Nations Unies sur la Mission d’appui des Nations Unies à la justice en Haïti (MINUJUSTH)

Je vous remercie, Monsieur le Président, et je suis heureuse d’être la première à passer le test du sablier.

Nous aimerions remercier le Ministre des Affaires Etrangères Edmond pour sa participation au Conseil aujourd’hui.  Les États-Unis saluent cette opportunité qui permet d’aborder la question des droits de l’Homme non seulement en Haïti, mais également dans le contexte plus large des opérations de maintien de la paix.

Promouvoir le respect des droits humains, tel qu’énoncé dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme, est un objectif central de notre politique étrangère. Protéger les droits de l’Homme contribue à garantir la paix, à réduire les agressions, promouvoir l’état de droit, combattre le crime et la corruption, renforcer les démocraties et prévenir les crises humanitaires.

Les droits de l’Homme sont inextricablement liés à la fois à la mission du Conseil de sécurité et aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Nous nous appuyons sur les informations recueillies par les équipes de défense des droits de l’Homme des différentes opérations de maintien de la paix, et nous honorons le courage dont font preuve les casques bleus dans l’exécution de cette tâche.

Les Etats-Unis viennent de publier les Rapports pour l’année 2018 sur les Droits de l’Homme dans les pays.  Lorsque nous documentons les questions relatives aux droits humains, nous faisons ressortir le sort des victimes et démontrons notre engagement à dénoncer les auteurs.  Grâce à la surveillance continue et aux débats sur les défis liés aux droits de l’Homme, nous utilisons notre influence et notre pouvoir pour aider à promouvoir les droits et les libertés fondamentales et pour aussi apporter des changements par les gouvernements et les sociétés.

En Haïti, Monsieur le Président, nous avons constaté des changements positifs.  La Police Nationale d’Haïti (PNH) a adopté des mesures en vue d’imposer une discipline systématique aux agents reconnus coupables d’abus ou de fraude. Comme nous l’avons déclaré en maintes occasions, la PNH peut accroître davantage son efficacité en renforçant sa capacité à rendre compte, et ses efforts de transparence.  Comme nous l’avons noté dans notre Rapport sur les Droits de l’Homme – Human Rights Report, il y a eu des améliorations – bien qu’encore problématique – dans les conditions de détention dans les prisons.

Monsieur le Président, les Etats-Unis saluent les progrès d’Haïti dans la promotion et le respect des droits de l’Homme et nous nous engageons à continuer de travailler avec le Gouvernement haïtien pour affronter davantage les défis majeurs auxquels le pays fait face.  Ceux-ci incluent: les allégations isolées sur des cas d’assassinat par la police; d’usage excessif de la force par des policiers; de détention arbitraire; de conditions de détention difficiles et extrêmement graves; un pouvoir judiciaire en proie à la corruption et à l’influence externe; des attaques physiques contre des journalistes; la corruption généralisée et l’impunité; et le trafic des personnes, y compris le travail forcé.

La Mission des Nations Unies pour l’Appui à la Justice en Haïti (MINUJUSTH), joue un rôle crucial dans la promotion des droits de l’Homme. Sa tâche qui consiste à renforcer les institutions nationales de défense des droits de l’Homme est essentielle pour la promotion de l’état de droit, l’établissement d’institutions démocratiques et l’instauration de la sécurité en Haïti.  Elle contribue à assurer la responsabilité, ainsi que le respect des droits de l’Homme, y compris pour les femmes et les enfants.

Monsieur le Président, le mois dernier, le Secrétaire général a présenté une évaluation de la position des Nations Unies et d’Haïti quant aux objectifs et aux repères de la MINUJUSTH, et le tableau de bord est, comme toujours, un outil très utile qui permet de souligner tout cela. Nous sommes d’accord sur le fait qu’Haïti est sur une trajectoire positive, notamment en nous basant sur les améliorations constatées au niveau du professionnalisme et de l’efficacité dans le domaine de l’état de droit et des institutions de sécurité, ainsi que dans sur la question de la protection des droits de l’Homme.   Nous sommes également d’accord sur le fait que la PNH est beaucoup plus autonome dans sa mission à assurer la sécurité dans tout le pays.

Cela m’amène à parler de la transition prochaine, vu que nous préparons actuellement le renouvellement du dernier mandat de la MINUJUSTH. Nous attendons avec intérêt que le Secrétariat continue de nous informer de la Mission Politique Spéciale de Suivi [Special Political Mission (SPM)] recommandée par le Secrétaire général, afin que le Conseil puisse mettre en place cette mission au moment opportun, et assurer une transition en douceur. La SPM devrait comporter un pilier des droits de l’Homme pouvant faire avancer les progrès réalisés par la MINUJUSTH en ce qui concerne les critères de référence en matière de droits de l’Homme. Entre-temps, nous attendons que le gouvernement haïtien, avec la MINUJUSTH, continue d’œuvrer à la réalisation des objectifs jusqu’à la fin de la mission et bien au-delà.

Nous prévoyons un renouvellement du mandat de la MINUJUSTH pour une période de six mois jusqu’au 15 octobre 2019. Ce calendrier est conforme à la stratégie de sortie établie sur deux ans et à l’évaluation réalisée par le Secrétaire général.

Comme indiqué dans son rapport du 1er mars, « à moins que le gouvernement ne soit confronté à des difficultés croissantes pour faire face à la crise, la PNH sera en mesure d’assumer pleinement la responsabilité de la sécurité et de la protection d’Haïti d’ici au 15 octobre 2019 ».  Les États-Unis partagent cette observation et notent qu’elle reflète la volonté du gouvernement haïtien à mettre fin à l’opération de maintien de la paix à cette date.

Monsieur le Président, nous ne croyons pas que le Conseil devrait lier la transition prochaine de la MINUJUSTH aux élections législatives et locales haïtiennes prévues pour le mois d’octobre 2019. Les États-Unis encouragent plutôt les Nations-Unies à envisager de fournir une assistance électorale à la demande du gouvernement haïtien en support à son calendrier électoral.

Dans ce contexte plus large, nous encourageons le Président d’Haïti et les représentants élus à travailler ensemble, conformément à la Constitution haïtienne, en vue de former un nouveau gouvernement qui se mettra au service du peuple haïtien le plus rapidement possible. Nous continuons d’encourager un dialogue constructif et inclusif entre les dirigeants gouvernementaux de tous les horizons politiques, la société civile, les organisations religieuses et le secteur privé afin de trouver des solutions durables à la crise politique et économique actuelle.

Monsieur le Président, nous sommes convaincus qu’un dialogue et des compromis sincères, conduisant à un gouvernement transparent et responsable, peuvent au mieux servir les besoins et les aspirations du peuple haïtien.

Je vous remercie.