Discours de l’Ambassadeur Sison concernant le Rapport sur la traite des personnes (TIP) de 2019

Bon après-midi à tous, et merci d’être avec nous aujourd’hui !

C’est un plaisir de vous accueillir ici à l’Ambassade des Etats Unis pour marquer la publication du Rapport sur la traite des personnes (TIP) de 2019, lancée par le Secrétaire d’État Mike Pompeo lors d’une diffusion globale publique à Washington le jeudi 20 juin dernier.

Je voudrais annoncer qu’Haïti est passé au «niveau 2» en matière de traite, par rapport à son classement au «niveau deux, sous surveillance» l’année dernière.

Haïti a été élevé au «niveau 2» dans ce rapport, justement parce que le gouvernement haïtien a consenti beaucoup plus d’efforts pour arrêter, poursuivre et condamner les trafiquants; pour adopter le plan d’action national contre la traite et pour renforcer le Comité national de lutte contre la traite.

Nous honorons les efforts de tous les acteurs engagés dans la lutte contre le fléau de l’esclavage moderne, notamment le Ministère de la Justice, le Comité national de lutte contre la traite, la POLIFRONT de la PNH et l’Office de protection des citoyens (OPC).

Nous reconnaissons également les efforts inlassables des organisations de la société civile comme le Chapitre Haitien des Femmes Juges (CHAIFEJ) dans la lutte contre la traite des personnes en Haïti.

S’il est vrai que nous nous félicitons de ce progrès, nous devons admettre aussi que notre travail n’est pas à son terme. Haïti est encore un pays d’origine, de transit et de destination pour la traite, à la fois à l’interne et au niveau transnational.

Donc, tous les acteurs doivent s’engager à redoubler leurs efforts pour lutter contre la traite en Haïti. 

Comme l’a souligné le Secrétaire d’État Mike Pompeo la semaine dernière, les appellations utilisées en matière de traite – Niveaux 1, 2 et 3 –(et je cite) «ne sont pas de simples mots sur du papier.

Elles entrainent certaines conséquences. »

(fin de citation)

L’année dernière, Washington a réduit certains types d’assistance bilaterale à 22 pays classés dans  la catégorie 3 de rapport sur la traite de 2018.

L’action et le message sont très clairs: Si vous ne combattez pas la traite, il y aura des ramifications.

Alors, nous encourageons le gouvernement haïtien à enquêter énergiquement, à poursuivre et à condamner les trafiquants d’êtres humains et à allouer des ressources budgétaires suffisantes pour le financement du Plan d’action national et pour l’accompagnement des victimes de traite dans le prochain budget national.

L’IBESR, l’agence de protection sociale du Gouvernement haïtien, joue un rôle clé dans la prestation de services aux victimes et la sensibilisation concernant la traite des personnes, en particulier concernant les risques auxquels sont exposés les enfants dans les centres de placement. Nous encourageons donc le gouvernement à fournir les ressources financières nécessaires pour permettre à l’IBESR de poursuivre son travail combien important.

Le thème du Rapport de 2019 sur la traite est d’encourager les gouvernements d’attaquer les formes de traite des personnes qui se produisent au niveau national, sur leur territoire.

On a souvent l’idée que la traite des personnes revêt toujours un caractère transnational.

Ceci est faux.

Chaque individu et chaque pays doit relever ce défi sur son propre territoire souverain.

Au fait, soixante dix sept pourcent (77%) des victimes de traite de personnes sont exploitées dans leur propre pays.

La traite des personnes est un problème local et mondial. On estime à qu’il y a deux cent quatre vingt six mille (286,000) enfants en servitude domestique en Haïti — on les appelle restavek, comme vous savez.

L’une des recommandations clé adressées au gouvernement haïtien par le Bureau de la lutte contre la traite des personnes (JTIP) du Department d’Etat est d’adopter des mesures capables de remédier aux vulnérabilités qui alimentent ce phénomène. Et l’USAID en Haïti continuera d’appuyer les efforts de lutte contre la traite dans le cadre de son projet élargi de Renforcement du secteur judiciaire (JSSP), dont l’objectif principal est d’augmenter l’accès des citoyens haïtiens à une justice de qualité, grâce au renforcement du système judiciaire et aux réformes fondamentales.

Dans le cadre de sa programmation globale, ce Projet de renforcement du secteur judiciaire va augmenter la capacité des juges, des avocats, des juges d’instruction et des commissaires d’identifier les victimes d’infractions, dont la traite, de poursuivre les auteurs et de bien gérer les processus judiciaires en matière de traite.

Une attention particulière sera accordée à l’amélioration de la capacité des juridictions situées le long de la frontière avec la République dominicaine à identifier et gérer de tels cas. USAID s’apprête à lancer, dans les semaines qui viennent, une nouvelle initiative phare de quatre ans contre la traite des personnes (C-TIP) qui prévoit une collaboration avec le gouvernement haïtien, pour traiter et dissuader de manière structurelle toutes formes de traite des personnes, y compris, mais sans s’y limiter à, ses dimensions transfrontalière, domestique et institutionnelle. Les objectifs de ce projet sont notamment de renforcer les structures institutionnelles clé, tel que le Comité national de lutte contre la traite et l’Institut de protection sociale, et de s’attaquer au problème d’enfants haïtiens vivant dans des institutions, et le risque de traite que posent ces institutions. Ce projet va contribuer également à sensibiliser le public concernant les dangers, conséquences légales et différentes formes de traite des personnes.

Il va contribuer au développement et à la mise en œuvre de services centrés sur les victimes afin de les protéger et de les accompagner aux niveaux national et départemental.

Ce nouveau projet demande une approche multidisciplinaire pour aider toutes personnes risquant d’être victimes ou qui seraient déjà victimes de cette exploitation et de tels abus.

USAID va continuer également à dialoguer avec les représentants du Gouvernement haïtien sur les questions relatives aux droits de la personne et à la traite des personnes, en coordination avec d’autres responsables du gouvernement des États-Unis.

Récemment, dix représentants provenant du Gouvernement haïtien, de la société civile et des médias se sont rendus à Washington DC, Iowa City et Dallas dans le cadre d’un programme d’échange du Département d’État sur la traite des personnes, qui était organisé par notre ambassade.

Les participants ont observé les efforts déployés par les États-Unis aux niveaux local, national et international pour lutter contre la traite; ont exploré des stratégies novatrices d’application de la loi pour prévenir, enquêter et poursuivre les case de traite; ont examiné les initiatives politiques américaines visant à protéger, aider et fournir des services de réintégration sociale et économique aux victimes; et ils ont discuté des efforts de sensibilisation et d’éducation dans la lutte contre la traite.

En outre, notre ambassade a facilité la participation de cinq juges haïtiens représentant différentes juridictions à travers le pays à un cours sur la lutte contre la traite des enfants, à l’Académie internationale de l’application des lois à El Salvador.

Nous comptons sur ces anciens boursiers pour continuer à mener la lutte contre la traite des personnes en Haïti. Aucune entité du gouvernement haïtien ne peut à elle seule lutter contre ce phénomène. Les ministres, les journalistes, la société civile, la police, les commissaires et les juges doivent travailler ensemble.

Dans le cadre d’un processus dirigé par les Haïtiens et grâce à nos efforts collectifs, nous arriverons à améliorer considérablement la situation en matière de traite des personnes ici en Haïti, et j’espère qu’un jour pas trop lointain nous pourrons nous rassembler pour saluer le classement d’Haïti au «Niveau un (1)» dans le Rapport annuel sur la traite.

 

Je vous remercie tous de votre présence!

 

(Nous avons une video du Secretaire Pompeo maintenant.)

 

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